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vriers qui reconnaissent en principe l’utilité de l’activité gouvernementale et de l’Église. Mais les banquiers, les producteurs d’eau-de-vie, de velours, de bronzes, de glaces, sans parler des fabricants de canons, que désigneront-ils quand nous leur demanderons si l’opinion publique reconnaît leur utilité ?

S’il y a des gens qui trouvent utile la production des cotons, des rails, de la bière, etc., alors on en trouvera encore plus qui la trouveront nuisible.

L’activité des commerçants qui haussent le prix des objets, celle des propriétaires fonciers même n’est approuvée par personne. En outre cette activité est toujours unie à un dommage pour l’ouvrier et à la violence, bien que moins directe que la violence gouvernementale, mais aussi cruelle par ses résultats, parce que toute l’activité industrielle et commerciale est basée sur la jouissance de la misère sous toutes ses formes : jouissance par la contrainte des ouvriers à un travail lourd, désagréable ; jouissance de cette même misère pour acheter des marchandises à bas prix et vendre à des prix élevés les objets nécessaires au peuple ; jouissance de la même misère, en élevant le taux de l’argent.

De quelque côté que nous envisagions leur activité, nous verrons que l’utilité apportée par les industriels n’est pas reconnue par ceux à qui elle