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s’élaborent dans les temples mystérieux des pontifes, et dans des expressions imprécises, vagues, se répandent parmi les masses qui se les assimilent. Dans l’antiquité, toutes les finesses théologiques qui justifiaient la violence du pouvoir ecclésiastique et gouvernemental appartenaient spécialement aux Pontifes et dans la foule étaient répandues des conclusions toutes faites, acceptées de confiance, sur la noblesse et la sainteté du pouvoir des rois, du clergé et de la noblesse. De même, plus tard, les finesses philosophiques et juridiques de ce qu’on appelle la science étaient l’apanage des pontifes de cette science, et on ne répétait dans la foule que les conclusions acceptées de confiance, à savoir que la construction de la société est telle qu’elle doit être et ne peut être autrement.

De même, maintenant ce n’est que dans les temples des pontifes qu’on discute les lois de la vie et du développement organique, mais dans la foule circulent les conclusions acceptées de confiance, à savoir que la division du travail est une loi approuvée par la science, et qu’il en doit être ainsi : les uns doivent travailler et mourir de faim, les autres s’amuser sans cesse ; et que, précisément, cette déchéance des uns, cette bombance des autres, est la loi inéluctable de la vie à laquelle il faut se soumettre.

La justification courante de l’oisiveté des gens,