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quelqu’un est coupable, ce sont les ouvriers affamés eux-mêmes ; pourquoi, les imbéciles, viennent-ils au monde quand ils savent qu’ils n’auront pas de quoi manger ? C’est pourquoi les classes riches et puissantes ne sont en rien coupables et peuvent tranquillement continuer à vivre comme elles ont vécu.

Cette conclusion précieuse pour la foule des oisifs a fait que tous les savants n’ont pas remarqué le manque de preuves, l’irrégularité et l’arbitraire complet des conclusions, et la foule des gens instruits, c’est-à-dire oisifs, flairant où elles mèneraient, acclamèrent la théorie avec enthousiasme, y mirent le sceau de la vérité — c’est-à-dire de la science — et marchèrent avec elle pendant un demi siècle.

La philosophie positive de Comte et la doctrine qui en résulte, à savoir que l’humanité est un organisme, la doctrine de Darwin sur la loi de la lutte pour l’existence qui, soi-disant, guide la vie, et la distinction des races humaines qui en découle, l’anthropologie, la biologie et la sociologie, maintenant si en faveur, poursuivent le même but. Toutes ces sciences sont devenues des sciences favorites, parce que toutes servent de justification à cette partie des hommes qui s’affranchissent du devoir humain du travail et profitent du travail des autres.

Toutes ces théories, comme il arrive toujours,