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qui succombent dans cette lutte. Comment des hommes ont-ils pu tomber en une si étonnante erreur ?

Comment ont-ils pu venir à ce point de ne pas voir, de ne pas sentir, de ne pas comprendre par leur cœur, ce qui est si clair, si évident, si indiscutable ?

Il n’y a qu’à réfléchir un moment pour être terrifié de cette contradiction étonnante de notre vie avec ce que nous professons, nous, appelés, je ne dis pas chrétiens, mais nous, gens instruits et humains.

Dieu a-t-il bien ou mal fait, ou est-ce la loi de la nature selon laquelle existent le monde et les hommes, mais la situation des hommes dans le monde, depuis que nous la connaissons est telle que les hommes nus, sans poils sur le corps, sans cavernes pour se cacher, sans nourriture qu’ils puissent, comme Robinson dans son île, trouver dans les champs, tous sont placés dans la nécessité de lutter sans cesse contre la nature pour couvrir leur corps, se faire des vêtements, s’abriter sous un toit et gagner la nourriture nécessaire pour apaiser, deux ou trois fois par jour, leur faim, celle de leurs enfants et des vieillards qui ne peuvent travailler.

N’importe où, en n’importe quel temps et en si grand nombre que ce soit, si nous observons la vie des hommes, en Europe, en Chine, en Amérique, en