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tinter leurs clochettes. On leur donne du foin qu’ils piétinent, ce même foin que là-bas, dans les champs, on récolte avec tant de peine. Dans la cour du maître, on s’agite. Un garçon, fort, gras, en blouse rose, cadeau d’un ancien patron, appelle les cochers pour atteler et seller les chevaux. Deux paysans, qui servent comme cochers, sortent du logis des palefreniers ; ils marchent les bras ballants, ils vont seller les chevaux des maîtres.

Plus près encore de la maison des maîtres, on entend les sons d’un autre piano : c’est une élève du conservatoire qui vit à la maison pour instruire les enfants et qui joue du Schumann.

Les sons d’un piano interrompent ceux de l’autre. Près de la maison, marchent deux bonnes, une jeune et une vieille. Elles emmènent et portent au lit des enfants de l’âge de ceux qui couraient au village avec les cruches. Une des bonnes est une Anglaise qui ne sait pas le russe ; on l’a fait venir d’Angleterre non parce qu’elle a des qualités particulières, mais précisément parce qu’elle ne sait pas parler le russe. Plus loin un paysan et deux femmes arrosent des fleurs, près de la maison ; un autre nettoie un fusil pour le fils de la maison.

Deux femmes portent un panier de linge propre ; elles ont lavé le linge des maîtres, des Anglaises et des Françaises. Dans la maison, deux femmes suffisent à peine à laver la vaisselle des maîtres qui viennent de manger, et deux paysans en habit noir vont