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Le soleil s’abaisse déjà derrière la forêt et les tas ne sont pas encore tous arrangés, il en reste beaucoup.

Tous sentent qu’il faut s’arrêter, mais personne ne le dit, chacun attend que les autres le disent. Enfin, le cordonnier sentant les forces lui manquer, propose au vieux de laisser les tas jusqu’au lendemain. Le vieux consent et aussitôt les femmes courent chercher les habits, les cruches, les fourches, et aussitôt la vieille s’asseoit à la place où elle était debout, ensuite se couche, en regardant toujours devant soi avec le même regard mort. Mais les femmes s’en vont ; elle se lève en geignant et se traîne derrière elles.

Maintenant voici la maison des maîtres. Le même soir, quand, du côté du village on entend le bruit des faucheurs fatigués qui reviennent du travail, le son du marteau, les cris des femmes et des jeunes filles, qui, aussitôt les râteaux posés, courent faire entrer le bétail ; dans la cour des maîtres on entend d’autres sons : tra la la ! On joue du piano une chanson hongroise, et, à travers cette chanson, arrive de temps en temps, le bruit du coup de maillet du croquet sur les boules.

Près de l’écurie, attend une voiture élégante, attelée de quatre chevaux bien nourris.

Des invités sont venus et ont payé dix roubles pour quinze verstes. Les chevaux dételés font