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que la majorité des gens riches qui jouissent du travail des autres, part à la campagne, pour respirer cet air meilleur, regarder les prairies et les forêts plus éclatantes.

Mais voici qu’à la campagne, parmi les paysans qui se nourrissent de pain et d’oignons, qui travaillent dix-huit heures par jour, qui dorment à peine, qui sont déguenillés, des gens riches s’installent. Ici, rien ne séduit ces gens. Il n’y a ni fabriques, ni usines ! pas de mains oisives, si nombreuses en ville et que nous paraissons nourrir en leur donnant du travail. Ici tout le peuple, pendant tout l’été, n’a pas assez de temps pour satisfaire tous ses besoins. Non seulement il n’y a pas de mains oisives, mais beaucoup de choses se perdent à défaut de mains ouvrières, et une masse de gens : enfants, vieillards, femmes sont écrasés de travail. Comment les gens riches arrangent-ils ici leur vie ? Voici comment. S’il existe une ancienne maison bâtie du temps du servage, alors on la répare, on l’embellit ; s’il n’y en a pas, on construit une maison neuve de deux ou trois étages. Les chambres, dont il y a entre douze et vingt et plus, ont six archines de hauteur.

Il y a des parquets, de larges vitres, des tapis et des meubles très chers ; rien que le buffet vaut de deux cents à six cents roubles. L’entourage de la maison est pavé, on plante des jardins de fleurs, on installe le croquet-ground, les pas de géant, des mi-