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je loue les valets, les femmes de chambre et le cocher : acheter et louer, il n’y a rien de mal à cela ; je ne force personne : je loue ; où est le mal ? »

Dernièrement, je suis venu chez une de mes connaissances. En traversant la première chambre je fus surpris d’y voir deux femmes devant la table, mon ami étant célibataire. Une femme, vieillotte, d’une trentaine d’années, maigre, jaune, un fichu jeté sur les épaules, faisait rapidement un travail quelconque ; ses mains et ses doigts tremblaient nerveusement sur la table, elle était dans une sorte d’accès. Une fillette était assise en face ; elle aussi faisait quelque chose en tremblant de la même façon. Toutes deux semblaient atteintes de la danse de Saint-Guy. Je m’approchai et regardai attentivement ce qu’elles faisaient. Elles jetèrent un regard sur moi et continuèrent leur besogne avec la même attention. Devant elles, étaient parsemés du tabac et des capsules. Elles préparaient des cigarettes. La femme émiettait du tabac entre les paumes de ses mains, le mettait dans une petite machine, ajustait la capsule, poussait dedans et jetait à la fillette. Celle-ci roulait du carton, l’ajustait dans les capsules, les rejetait et reprenait une autre cigarette. Tout cela se faisait si rapidement, avec tant de tension, que quelqu’un qui ne l’a pas vu ne peut l’imaginer.

J’exprimai mon étonnement de la rapidité du travail.