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jusqu’à six heures du matin, durant la nuit profonde, pendant que, l’estomac vide, des hommes restent dans les asiles de nuit et que quelques-uns meurent comme la blanchisseuse.

Leur amusement consiste en ceci : les femmes et les filles, la poitrine nue et s’ajustant de faux derrières, s’attifent d’une façon si inconvenante qu’une femme ou une fille non dépravée ne voudrait pour rien au monde se montrer ainsi à un homme. Et demi-nues, exhibant leurs poitrines nues et leurs bras nus jusqu’aux épaules avec de faux derrières et les robes moulées sur les hanches, à la lumière la plus claire, les femmes et les filles, dont la première vertu fut toujours la pudeur, paraissent parmi des hommes étrangers qui sont aussi en habits collants jusqu’à l’inconvenance, et ensemble, aux sons d’une musique étourdissante, s’enlacent et tournoient. Des vieilles femmes, souvent aussi nues que les jeunes, sont assises, regardent, mangent, boivent ce qui est bon. Les hommes âgés font de même. Il n’est pas étonnant que cela se fasse pendant la nuit, quand le peuple dort, pour que personne ne le voie. Mais ce n’est pas pour se cacher : il leur semble qu’il n’y a rien à cacher, que c’est très bien et que par cette gaîté où se perd le travail pénible de milliers d’hommes, non seulement ils ne blessent personne, mais que par cela même ils nourrissent de pauvres gens.