chauffe la chambre de mon fils. J’allai chez lui, il dormait. Il était onze heures du matin. Aujourd’hui c’est fête, il a une excuse, il n’y a pas de leçons.
Un garçon de dix-huit ans, bien nourri, qui a de la barbe, après avoir bien mangé le soir, dort jusqu’à onze heures du matin. Le paysan, qui a son âge, se lève de bonne heure ; il a fait déjà quantité de choses, il allume son dixième poêle, lui, mon fils, dort. (Si au moins le paysan n’allumait pas le poêle pour chauffer ce corps gras, paresseux !) Mais aussitôt je me rappelai que ce poêle chauffe aussi la chambre de l’économe, une femme de quarante ans qui travaille jusqu’à trois heures de la nuit, prépare tout pour le souper que mange mon fils, nettoie la vaisselle et se lève quand même à sept heures. Elle ne peut pas allumer elle-même, elle n’a pas le temps. Le paysan chauffe pour elle aussi, et le paresseux en profite.
Il est vrai que les avantages de tous sont ainsi liés ; mais, même sans grands calculs, la conscience de chacun dit de quel côté est le travail, et duquel est l’oisiveté. Mais c’est peu que la conscience dise cela, le livre de comptes le dit encore plus nettement. Plus quelqu’un dépense d’argent, plus il force les autres à travailler pour lui ; moins il dépense, plus il travaille lui-même.
Et l’industrie, les entreprises sociales et enfin, cette chose plus terrible : la civilisation, le développement des sciences et des arts ?