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de la hauteur de l’échelle de mensonge où ils se trouvent, quand ils se représentent cet endroit du sol où ils doivent descendre pour vivre non tout à fait bien, mais pas tout à fait en brigands. C’est pourquoi cette vérité simple et claire semble étrange à ces hommes.

Pour l’homme qui a dix domestiques, des valets, des cochers, des cuisiniers, des tableaux, des pianos, il semble sans doute étrange et même ridicule cet acte des plus simples pour chacun, — je ne dis pas même de la part d’un homme bon, mais tout simplement de la part d’un homme, pas d’un animal, — de couper lui-même le bois avec lequel il se chauffe et cuit sa nourriture, de nettoyer lui-même ses galoches ou les bottes avec lesquelles il marche sans précaution dans la boue, de porter lui-même cette eau avec quoi il garde sa propreté et d’emporter l’eau sale après qu’il s’est lavé.

Mais, outre l’éloignement des hommes de la vérité, il y a encore une autre cause qui les empêche de voir l’obligation du travail le plus simple et le plus naturel pour eux-mêmes — du travail personnel physique : c’est la complexité, l’embrouillement des conditions, des avantages de tous les hommes liés entre eux, dans lesquels vit un homme riche.

Ce matin, je suis sorti dans le corridor où l’on allumait le poêle. Un paysan allumait le poêle qui