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XXIII

J’ai vu que la cause des souffrances et de la débauche des hommes c’est que les uns sont les esclaves des autres, et j’en avais tiré cette conclusion simple : que si je veux aider les hommes, alors, avant tout, il ne faut pas créer ce malheur que je veux secourir, c’est-à-dire qu’il ne faut pas participer à l’asservissement des hommes. Or j’étais entraîné à l’asservissement des hommes par ce fait que depuis l’enfance, j’étais habitué à ne pas travailler mais à jouir des travaux des autres et j’avais vécu et vivais dans une société non seulement habituée à cet asservissement mais qui le justifie par des sophismes de toutes sortes, adroits et peu adroits. J’en ai tiré cette conclusion simple que pour ne pas produire la souffrance et la débauche, je devais profiter le moins possible du travail des autres et travailler moi-même le plus possible. Par un long chemin j’étais venu à cette conclusion inévitable, exprimée ainsi par les Chinois mille ans