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d’un droit de propriétaire d’esclaves, mais à vivre et laisser vivre des hommes comme si ce droit n’existait pas ; et en même temps, par tous les moyens possibles, convaincre les autres propriétaires d’esclaves de l’illégalité et de l’inhumanité de leurs droits imaginaires. Je ne puis pas ne pas agir de même envers l’esclavage d’aujourd’hui : réaliser le moins possible mes droits jusqu’à ce que je puisse renoncer tout à fait aux droits qui me sont donnés par la propriété foncière et l’argent soutenus par la force armée, et, en même temps, par tous les moyens, inspirer aux autres hommes l’illégitimité et l’inhumanité de ces droits imaginaires. La participation du propriétaire d’esclaves à l’esclavage consiste dans la jouissance du travail d’un autre, que ce soit fondé sur son droit à l’esclavage ou sur une possession de terre et d’argent.

C’est pourquoi, si l’homme n’aime vraiment pas l’esclavage et n’y veut pas participer, la première chose à faire, c’est de ne pas jouir du travail d’un autre, ni en possédant la terre, ni en servant le gouvernement, ni par l’argent.

Le refus de tous les moyens employés pour jouir du travail des autres amènerait inévitablement un homme pareil à la nécessité, d’une part, de limiter ses besoins, d’autre part de faire pour soi-même ce qu’auparavant il exigeait des autres.

Cette conclusion si simple et si inévitable, entre dans tous les détails de ma vie, la change toute,