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Qu’arriverait-il alors ? L’esclavage foncier serait aussitôt pratiqué par l’État ; en d’autres termes, la terre appartiendrait toute à l’État ; à l’Angleterre, sa terre, à l’Amérique, la sienne, etc. ; c’est-à-dire que ce serait l’esclavage défini par la quantité de terre en jouissance.

La situation de quelques travailleurs (qui possèdent la terre) s’améliorera peut-être, mais tant que subsistera la perception, par la force, des impôts de la rente, l’esclavage subsistera aussi. Le laboureur, n’ayant pas, après une disette, la possibilité de payer la rente qu’on exige de lui par la force, devra, pour ne pas perdre tout, pour garder la propriété de la terre, accepter la servitude chez celui qui aura de l’argent.

Quand un seau coule, c’est assurément qu’il a un trou. En regardant le fond du seau il peut nous sembler que l’eau coule de divers trous, mais nous aurons beau boucher du dehors ces trous imaginaires, l’eau coulera toujours. Pour arrêter l’écoulement il faut trouver l’endroit par où l’eau coule et boucher le trou à l’intérieur. Il en est de même des mesures proposées pour faire cesser la répartition irrégulière des richesses, pour boucher ces trous par lesquels s’en va la richesse des peuples. On dit : faites des corporations ouvrières ; faites du capital la propriété sociale ; faites de la terre une propriété sociale ! Tout cela n’est que la fermeture extérieure de ces endroits d’où l’eau semble