Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour l’opprimé sont de n’être plus soumis à la force brutale, mais abandonné à lui-même, et de pouvoir toujours espérer, — parfois, en effet, il y arrive, — une circonstance heureuse pour le faire passer du rang d’opprimé à celui d’oppresseur. Les désavantages, c’est qu’il ne peut plus jamais se soustraire à une certaine somme de violence.

Ce nouveau moyen d’asservissement se combine d’ordinaire avec l’ancien ; et le spoliateur, suivant la nécessité, diminue l’un et étend l’autre.

Mais ce moyen d’asservissement ne satisfait plus entièrement le désir du fort — prendre le plus possible des produits du travail du plus grand nombre des ouvriers et asservir le plus grand nombre possible d’hommes, — et il ne correspond plus aux conditions multiples de la vie. Alors, s’élabore un nouveau moyen d’asservissement. Ce troisième moyen est celui du tribut. Il est basé, comme le deuxième, sur la famine. Au moyen d’asservissement des hommes par la privation de pain s’adjoint encore la privation des autres besoins nécessaires.

Le fort exige des esclaves une telle quantité d’argent, que pour l’obtenir, les esclaves sont forcés de vendre non seulement leurs réserves de blé, en quantité plus grande que cette cinquième partie fixée par Joseph, mais aussi les objets de première nécessité : viande, peaux, habits, même les bâtiments. C’est pourquoi l’oppresseur tient toujours