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refusait, l’envoyer chez le policier qui lui fouettait le derrière jusqu’à ce qu’il se soumît.

En outre, si je forçais Ivan à travailler au-dessus de ses forces, sans lui donner de terre et sans le nourrir, le bruit en venait jusqu’aux autorités et j’étais responsable.

Maintenant les hommes sont libres, mais je puis forcer Ivan, Isidore et Petrouchka à faire n’importe quel travail, et s’ils refusent, je ne leur donnerai pas d’argent pour les impôts et on leur fouettera le derrière jusqu’à ce qu’ils se soumettent. De plus, je puis forcer un Allemand, un Français, un Chinois, un Indien, à travailler pour moi, car s’il ne le fait pas, je ne lui donnerai pas d’argent pour louer de la terre ou acheter du pain parce qu’il n’a ni terre ni pain ; et si je l’oblige à travailler au-dessus de ses forces, sans le nourrir, si je le tue de travail, personne ne dira rien. Si avec cela j’ai lu des livres politico-économiques, alors je puis être fermement convaincu que tous les hommes sont libres et que l’argent ne fait pas l’esclavage. Les paysans savent depuis longtemps qu’on peut battre plus fort avec un rouble qu’avec un bâton ; seuls les politico-économistes ne veulent pas voir cela.

Dire que l’argent ne fait pas l’esclavage, c’est la même chose que de dire, cinquante ans auparavant, que le servage n’était pas l’asservissement.

Les économistes disent que, bien qu’un homme