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ment, de les prendre pour sujets. Mais l’Angleterre prudente devant une telle demande, ne se hâtait pas de tirer d’embarras le monarque à demi-sauvage. Au lieu d’une réponse nette, en 1860, on envoya une expédition spéciale pour étudier les îles Fidji afin de décider si elles valaient de les adjoindre aux possessions britanniques et de dépenser de l’argent pour satisfaire les créanciers américains.

Pendant ce temps, le gouvernement américain continuait à insister pour ce paiement et gardait pour garantie, en sa possession réelle, quelques-uns des meilleurs points et, ayant bien étudié les richesses du peuple, il élevait l’indemnité de quarante-cinq mille à quatre-vingt-dix mille dollars et menaçait de l’élever encore si Kakabo ne payait pas promptement. Pressé de tous côtés, le pauvre Kakabo qui ne connaissait pas les moyens de crédit en usage en Europe, sur le conseil de colons européens se mit à chercher de l’argent, chez les marchands de Melbourne, à n’importe quelles conditions, même s’il fallait céder, aux particuliers, tout le royaume.

À l’appel de Kakabo une société se forma à Melbourne. Cette société en actions, qui prit le nom de Société polynésienne, fit avec les chefs de Fidji une charte sur les bases les plus avantageuses pour elle.

Elle s’engageait à payer à diverses échéances,