Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

explications des phénomènes existants en niant les réponses les plus claires et les plus simples aux questions qui se posent. Elle donne des réponses vides de sens.

La question de la science économique consiste en ceci : Pourquoi certains hommes, qui ont la terre et le capital, peuvent-ils asservir ceux qui n’ont ni l’un ni l’autre ? La réponse qui se présente au bon sens est celle-ci- : La cause vient de l’argent qui a la propriété d’asservir les hommes. Mais la science le nie et dit : La cause tient non à la qualité de l’argent mais à ce que les uns ont la terre et les capitaux et que les autres ne les ont pas. Nous demandons : Pourquoi ceux qui ont la terre et les capitaux asservissent-ils ceux qui n’en ont pas ? et nous répondons : Parce qu’ils possèdent la terre et le capital. Mais c’est précisément ce que nous demandons. La privation de la terre et des instruments de travail, c’est l’asservissement. La réponse est analogue à celle-ci : facit dormire quia habet virtus dormitica. Mais la vie ne cesse pas de poser sa question essentielle et même la science le voit et tâche d’y répondre, mais elle ne peut le faire en partant de ses principes et tourne dans un cercle magique. Pour le faire, la science doit avant tout renoncer à sa division mensongère des facteurs de production, c’est-à-dire quelle doit renoncer à prendre les conséquences des phénomènes pour leurs causes, et doit rechercher d’a-