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tentions sur la personne de l’esclave ; il peut en exister d’autres qui déclareront avoir le droit exclusif de jouir des rayons du soleil, de l’air et de l’eau ; il peut en exister qui chassent l’ouvrier d’un endroit à l’autre, qui lui prennent par force les produits de son travail au fur et à mesure qu’il les fabrique, qui lui prennent ses instruments de travail et l’obligent à travailler non pour eux, mais pour le maître, comme il arrive dans les fabriques. Tout cela peut arriver. Mais malgré tout, un ouvrier ne peut vivre sans la terre et sans les instruments de travail, de même qu’un homme ne peut devenir la chose d’un autre, bien que les hommes l’aient affirmé longtemps. De même que l’affirmation du droit de propriété de la personne humaine ne peut priver l’esclave de sa qualité propre : de chercher son bien et non celui de son maître, de même maintenant l’affirmation du droit de propriété à la terre et aux instruments de travail des autres, ne peut priver l’ouvrier de la faculté innée en chaque homme de vivre sur la terre, de se fabriquer avec ses outils personnels ce qu’il juge utile pour lui. Tout ce que peut faire la science en examinant la situation économique actuelle, c’est de constater les prétentions des uns sur la terre et les instruments de travail des ouvriers, prétentions grâce auxquelles, pour une certaine partie de ces ouvriers (jamais pour tous), les conditions de production propres aux hommes sont