quatre bougies, fatigué, veule, exigeant l’aide et le service de centaines de personnes. Je veux aider qui ? Les hommes qui se lèvent à cinq heures du matin, dorment sur des planches, se nourrissent de chou et de pain, savent labourer, faucher, manier la hache, atteler, coudre ; les hommes qui par la force, l’endurance, l’art et l’abstinence, sont cent fois plus forts que moi. Et moi je viens les aider ! Que puis-je éprouver, sauf la honte, en entrant en relations avec ces gens ? Les plus faibles parmi eux, un ivrogne, un habitant de la maison Rjanov, celui qu’on traite de paresseux, sont cent fois plus laborieux que moi. Leur bilan, c’est-à-dire le compte de ce qu’ils prennent aux hommes et de ce qu’ils leur rendent, est mille fois plus avantageux que le mien, si je compte ce que je prends aux hommes et ce que je leur donne.
Et je veux secourir ces hommes. Je veux aider les pauvres ! Mais qui sont les pauvres ? Il n’y en a pas un seul plus pauvre que moi. Moi, un parasite tout faible, bon à rien, qui ne puis exister que dans les conditions les plus favorables, qui ne puis exister que quand des milliers de gens travaillent pour soutenir cette vie inutile à personne ; c’est moi, le pou qui dévore les feuilles de l’arbre, qui veux aider à la croissance, à la santé de cet arbre, c’est moi qui veux le guérir !
Toute ma vie se passe ainsi : je mange, cause, écoute ; je mange, j’écris ou je lis, c’est-à-dire, de