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XVI

J’avais eu de la peine à arriver à cette conception, mais une fois là, j’étais terrifié de l’erreur dans laquelle j’avais vécu. J’étais dans la fange jusqu’aux oreilles et je voulais en tirer les autres.

En effet, que voulais-je ? Je voulais faire le bien aux autres, faire que les hommes n’eussent ni froid ni faim, qu’ils pussent vivre comme des hommes. Je le voulais et je voyais que grâce aux violences, aux oppressions et aux diverses ruses auxquelles je participais, on prend le nécessaire à ceux qui travaillent, tandis que ceux qui ne travaillent pas, et auxquels j’appartiens, profitent avec excès de ce travail des autres hommes.

Je voyais que la jouissance du travail d’autrui se distribue de telle façon que, plus la ruse qu’emploie l’homme, ou qu’employa celui dont il a reçu l’héritage, est habile et compliquée, plus il profite