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n’a pas de limite. Elle n’est faite que pour se séparer des autres et rendre impossible l’union avec eux, quand cette propreté s’acquiert par le travail des autres.

C’est peu. Quand j’eus pénétré cela, je me suis convaincu que ce qu’on appelle en général l’instruction est la même chose.

La langue ne trompe pas, elle appelle de son vrai nom ce que les gens comprennent sous ce nom. Le peuple appelle « instruction » : robe à la mode, conversation polie, mains propres, une certaine propreté. De tel homme on dit, pour le distinguer des autres, qu’il est instruit. Dans les milieux un peu supérieurs, on appelle instruction ce que le peuple appelle ainsi, mais en y ajoutant encore la connaissance du piano, du français, de l’orthographe et une propreté extérieure encore plus grande. Dans les classes encore supérieures, on ajoute à tout cela la langue anglaise, le diplôme d’études supérieures, et une propreté encore plus grande. Mais dans l’un ou l’autre milieu c’est au fond toujours la même chose.

L’instruction comprend les formes et les connaissances qui doivent distinguer un homme des autres. Son but est le même que celui de la propreté : se distinguer de la foule des pauvres pour que les gelés et les affamés ne voient pas comment nous nous amusons. Mais on ne peut pas se cacher, et ils voient.