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sera punissable par le jugement (Exode, xx, 13). Mais moi je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère sans cause sera puni par le jugement ; et celui qui dira à son frère : Raca, sera puni par le conseil ; et celui qui lui dira fou sera puni par la géhenne du feu (23). Si donc tu apportes ton offrande à l’autel et que tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va-t’en premièrement te réconcilier avec ton frère, et après cela viens, et offre ton offrande. Accorde-toi au plus tôt avec ta partie adverse, pendant que tu es en chemin avec elle, de peur que ta partie adverse ne te livre au juge, et que le juge ne te livre au sergent, et que tu ne sois mis en prison. Je te dis en vérité que tu ne sortiras pas de là jusqu’à ce que tu aies payé le dernier quadrin. »

Quand j’eus compris le commandement de la non-résistance au méchant, il me parut que ces versets sur la colère devaient avoir un sens aussi clair et aussi applicable à la vie que le commandement de la non-résistance. Le sens que j’attribuais auparavant à ces paroles était que nous devons toujours éviter de nous mettre en colère contre les hommes, de prononcer des paroles injurieuses, que nous devons vivre en paix avec tous sans exception ; mais il y avait dans le texte un mot qui détruisait ce sens. Il y était dit : Quiconque se met en colère sans cause, si bien que de