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rejette tout le reste, et, sur cette base, établit la révélation de la loi éternelle. Il n’est pas nécessaire de tout abolir, mais il faut inévitablement abroger la loi qui est tenue pour obligatoire dans toute son intégralité. C’est ce que fait Christ, et on lui reproche de détruire ce que l’on prend pour la loi de Dieu et on le condamne pour cela à la peine de mort. Mais sa doctrine est consacrée par ses disciples, elle traverse les siècles et passe dans d’autres milieux. Là, avec les siècles, la nouvelle doctrine disparaît sous des dogmes différents, des commentaires obscurs et des explications factices ; de misérables sophismes humains remplacent la révélation divine. Au lieu de : « Dieu dit à Moïse » on met : « Il nous a plu à nous et au Saint-Esprit… » Et de nouveau la lettre tue l’esprit. Et ce qu’il y a de plus frappant, c’est que la doctrine de Christ est entremêlée avec toute cette « Thora», au sens de loi écrite, qu’il ne pouvait point ne pas renier. Cette Thora est déclarée l’inspiration de l’esprit de vérité, c’est-à-dire du Saint-Esprit, et Christ lui-même se trouve ainsi pris dans les filets de sa propre révélation.

Et toute sa doctrine est réduite à néant.

Voilà comment, après dix-huit cents ans, il m’arriva cette chose singulière de devoir découvrir le sens de la doctrine de Christ, comme quelque chose de nouveau.

Non, je ne dus pas découvrir, je dus faire ce