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forfait, la crainte, au moins, les empêchât d’ôter la vue à leurs semblables. Si c’est une cruauté, c’en est une également de défendre le meurtre et l’adultère. Mais il n’y a que des fous, des êtres arrivés au dernier degré de la folie qui peuvent dire cela. Quant à moi, j’ai si peur d’appeler ces commandements cruels, que, jugeant d’après le bon sens humain, je considérerais comme une iniquité tout ce qui serait en contradiction avec ce commandement. Tu dis que Dieu est cruel parce qu’il commande d’arracher œil pour œil, et moi je dis que s’il ne l’avait pas commandé alors beaucoup de gens auraient pu, avec plus de raison, l’appeler comme tu l’appelles. » Jean Chrysostome reconnaît incontestablement que la loi œil pour œil est divine, c’est-à-dire que la doctrine de Jésus sur la non résistance est une iniquité.

(Commentaires, pp. 322, 323.) « Admettons, dit plus loin Jean Chrysostome, que toute la loi est abolie et que personne ne croit plus les punitions établies par la loi, que tous les vicieux, tous les libertins, les meurtriers, les voleurs, les blasphémateurs soient libres de vivre selon leurs penchants, ne serait-ce pas une corruption générale ? Les villes, les marchés, les maisons, la terre, la mer et l’univers entier ne se rempliraient-ils pas de meurtres et de forfaits sans nombre ? Cela est évident pour chacun. Si les mauvaises intentions sont difficilement contenues, même en présence des lois, de la