Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

niques on trouve le mot « prophètes » non pas avec la conjonction « et » mais avec la conjonction « ou » : la loi ou les prophètes, ce qui implique également la signification de la loi éternelle. Dans quelques autres versions, non acceptées par l’Église, on trouve le mot « prophètes » avec la conjonction « et » au lieu de « ou » ; et, dans ces mêmes versions, à chaque répétition des mots « la loi », on retrouve de nouveau : « et les prophètes ». De sorte que le sens, d’après cet arrangement, est tel que Christ ne parlerait que de la loi écrite.

Ces variantes fournissent l’histoire des commentaires de ce passage. Le seul sens clair est que Christ, selon Luc, parle de la loi éternelle ; mais comme parmi les copistes des Évangiles, il s’en trouva qui désiraient que la loi écrite de Moïse fût reconnue obligatoire, ils ont ajouté aux mots la loi, « et les prophètes », et ils ont changé ainsi le sens de ces paroles.

D’autres chrétiens, qui ne reconnaissaient pas au même degré l’autorité des livres de Moïse, ont supprimé les mots ajoutés ou bien ont remplacé le mot « et » — « ϰαὶ » par « ou » — « η ». C’est avec « ou » que ce passage est entré dans le recueil canonique. Cependant, malgré la clarté indiscutable du texte, tel qu’il est entré dans le recueil canonique, les commentateurs canoniques continuent à lui donner le sens canonique dans lequel avaient été faits les changements qui ne sont pas