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fausse interprétation, il serait impossible de rendre mieux et plus exactement l’idée exprimée dans ces versets.

L’interprétation que Christ ne nie pas la loi repose sur ce fait que, dans ce passage, on attribue arbitrairement au mot loi la signification de loi écrite au lieu de loi éternelle, et cela à cause de la comparaison avec le iota de la loi écrite. Mais Christ ne parle pas de la loi écrite. Si, dans ce passage, Christ avait parlé de la loi écrite, il aurait fait usage de l’expression courante : la loi et les prophètes, qu’il employait toujours en parlant de la loi écrite ; ici au contraire, il emploie une expression différente : la loi ou les prophéties. Si Christ avait parlé de la loi écrite, alors dans le verset suivant, qui continue sa pensée, il aurait employé de nouveau la loi et les prophètes, et non le mot loi tout court comme nous le trouvons dans ce verset. Mais c’est peu. Christ emploie la même expression que l’Évangéliste Luc, et le contexte rend cette signification indubitable. Chez Luc, (xvi, 15), Christ parle aux Pharisiens, qui attribuaient la justice à leur loi écrite. Il leur dit : « Pour vous, vous voulez passer pour justes devant les hommes, mais Dieu connaît vos cœurs ; car ce qui est élevé devant les hommes est une abomination devant Dieu. » — 16 : « La loi et les prophètes ont eu lieu jusqu’à Jean, depuis ce temps-là le royaume de Dieu est annoncé, et chacun le force ? » Et