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question : pourquoi ? J’aurai beau médire d’un frère, je ne médis pas de la loi, tandis que si j’accuse mon frère, si je le fais comparaître en justice, par là même j’accuse la loi du Christ, c’est-à-dire que je trouve la loi du Christ insuffisante ; j’accuse et juge la loi. Dans ce cas, je ne pratique plus la loi, je m’en fais juge. Mais, selon Christ, le juge est celui qui peut sauver. Et ainsi, moi, qui ne puis pas sauver, je ne saurais me faire juge et punir.

Tout ce passage parle de la justice humaine et la nie. Toute l’épître est pénétrée de la même pensée. Dans cette épître de Jacques (ii, 1-13) il est dit : 1) Mes frères ! que la foi que vous avez en Notre-Seigneur Jésus-Christ glorifié soit exempte de toute acception de personnes. 2) Car s’il entre dans votre assemblée un homme qui ait un anneau d’or et un habit magnifique, et qu’il y entre aussi un pauvre avec un méchant habit ; 3) et qu’ayant égard à celui qui porte l’habit magnifique, vous lui disiez : Toi assieds-toi ici honorablement, et que vous disiez au pauvre : Toi, tiens-toi là debout, ou assieds-toi sur mon marchepied ; 4) ne faites-vous pas en vous-même de la différence entre l’un et l’autre, et n’avez-vous pas de mauvaises pensées dans les jugements que vous faites ? 5) Écoutez, mes chers frères : Dieu n’a-t il pas choisi les pauvres de ce monde, qui sont riches en la foi et héritiers du royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment ? 6) Et vous, au contraire, vous méprisez les pauvres.