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semblait inutile devint indispensable. Tout se fondit en un ensemble harmonieux, chaque partie complétant l’autre, comme les morceaux d’une statue brisée que l’on rapproche selon les règles. Dans le Sermon sur la Montagne ainsi que dans tous les Évangiles, de tous côtés, je voyais s’affirmer la même doctrine de la non résistance au mal.

Dans ce sermon, comme dans maints autres passages, partout Christ se représente ses disciples, c’est-à-dire les hommes qui observent la règle de la non résistance au mal, tendant la joue, cédant leur manteau, persécutés, suppliciés, mendiants.

Partout Christ répète plusieurs fois que celui qui n’a pas pris sa croix, qui n’a pas renoncé à tout, autrement dit, qui n’est pas prêt à supporter toutes les conséquences de la doctrine de la non résistance au mal, ne peut être son disciple. À ses disciples, Christ dit :« Soyez mendiants, soyez prêts à endurer, sans résister au mal, les persécutions, les souffrances et la mort. » Lui-même se prépare à souffrir et à mourir sans résister au méchant ; il réprimande Pierre qui en manifeste de la tristesse, et enfin meurt en exhortant à ne pas résister au mal et à demeurer fidèle à sa doctrine.

Tous ses premiers disciples observent cette règle de la non résistance ; toute leur vie ils sont pauvres, persécutés, et ne rendent jamais le mal pour le mal.