Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pable, tâchait de l’étouffer (en prohibant la traduction de la Bible) — le temps vint, et cette lumière arriva jusqu’au peuple par l’intermédiaire des sectaires, même des libres penseurs mondains, et la fausseté de la doctrine de l’Église parut évidente aux hommes, qui commencèrent à changer leur ancienne existence, que justifiait l’Église, en se basant sur cette doctrine du Christ, parvenue jusqu’à eux en dehors de l’Église.

Ainsi, les hommes eux-mêmes, indépendamment de l’Église, abolirent l’esclavage justifié par l’Église ; ils abolirent les exécutions religieuses, le pouvoir des empereurs, sanctifié par l’Église, et celui des papes, et ils procèdent maintenant à l’abolition de la propriété et de l’État. Et l’Église n’a rien défendu de tout cela, et ne peut rien défendre maintenant, parce que ces iniquités sont ruinées par cette même doctrine chrétienne que prêche et qu’a prêchée l’Église après l’avoir faussée.

La doctrine de la vie des hommes s’est émancipée de l’Église et s’est établie indépendamment d’elle.

L’Église ne garda que ses explications, mais ses explications de quoi ? Une explication métaphysique n’a d’importance que quand il y a une doctrine de la vie qu’elle supporte. Mais l’Église n’a gardé aucune doctrine de la vie. Elle ne possède que l’explication de la vie qu’elle avait jadis sanctionnée et qui n’existe plus. Si l’Église garde