Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/266

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

scandalisera un de ces petits. Et c’est à ces enfants qu’on enseigne tout cela obligatoirement en leur disant que c’est la loi de Dieu unique et sacrée.

Il ne s’agit point là de proclamations répandues clandestinement, sous la menace des travaux forcés ; ce sont des proclamations qui entraînent le châtiment des travaux forcés pour tous ceux qui ne seraient pas d’accord avec elles. J’éprouve même, en écrivant ces lignes, un sentiment d’insécurité, uniquement parce que je me permets de dire qu’on ne peut pas abroger la loi fondamentale de Dieu, inscrite dans toutes les lois et dans tous les cœurs, par ces mots dénués de sens : en vertu de son mandat et pour son souverain et sa patrie, parce que je me permets de dire qu’il ne faut pas enseigner cela aux hommes.

Oui, nous voyons se passer précisément ce dont Christ avertissait les hommes (Luc, xi, 33-36 et Matth., vi, 23), quand il disait : Prends donc garde que la lumière qui est en toi ne soit que ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi n’est que ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres !

La lumière qui est en nous est devenue ténèbres. Et les ténèbres dans lesquelles nous vivons sont épouvantables.

« Malheur à vous », a dit Christ, « malheur a vous scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; vous n’y entrez point et vous n’y laissez point