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vigueur. Presque tous souffrent de maladies de nerfs, de l’estomac, ou de maladies sexuelles provenant d’excès de table, d’ivrognerie, de luxure ou des drogues qu’ils prennent constamment ; et ceux qui ne meurent pas jeunes passent la moitié de leur existence à se traiter, à s’injecter de la morphine et deviennent de malheureux êtres incapables de subsister par eux-mêmes et menant une existence de parasites, comme ces fourmis qui sont nourries par des esclaves. Dressez une liste de leurs morts : l’un se brûle la cervelle ; l’autre tombe en pourriture à la suite de syphilis ; un vieillard se tue à force de prendre des excitants, un jeune homme en se faisant battre pour réveiller la volupté ; l’un est rongé par les poux, l’autre par les vers ; les uns succombent à force de boire, les autres à force de manger ; d’autres enfin par abus de la morphine ou à la suite d’un avortement provoqué. Les uns après les autres, ils périssent victimes de la doctrine du monde. Et on se presse en foule à leur suite, et, comme des martyrs, ils vont au-devant des souffrances et de la perdition.

Une vie après l’autre est jetée sous le char de cette idole : le char passe broyant ces existences, et de nouvelles et nouvelles victimes se précipitent en foule, sous les roues, avec des malédictions, des gémissements, des lamentations !

Il est difficile d’accomplir la doctrine de Christ. Christ dit : Quiconque aura quitté des maisons, ou