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tution appelée Église, à laquelle personne ne croit plus depuis longtemps, même ceux qui en font partie, s’en occupe exclusivement.

L’unique fenêtre par où pénètre la lumière vers laquelle se dirigent les regards de tous ceux qui réfléchissent et souffrent est obstruée. À la question : Que suis-je, que dois-je faire, ne pourrais-je pas alléger ma vie selon les paroles de ce Dieu, qui, d’après vos propres dires, est venu me sauver ? on me répond : Fais ce que te prescrivent les autorités, et crois à l’Église. Mais pourquoi vivons-nous si mal dans ce monde ? demande une voix désespérée. Pourquoi tout ce mal et ne puis-je m’abstenir d’y participer ? Ne peut-on atténuer tout ce mal ? On répond : C’est impossible. Ton désir de vivre bien et d’aider les autres à faire de même — n’est qu’orgueil, tentation. Une chose est possible — te sauver, sauver ton âme pour la vie future. Et si tu ne veux pas prendre part au mal du monde, va-t-en de ce monde. Cette voie est ouverte à chacun, dit la doctrine de l’Église, mais sache qu’en la choisissant, tu ne dois plus prendre part à la vie du monde, mais cesser de vivre et te tuer peu à peu. Il n’y a que deux issues, nous disent nos maîtres : croire et obéir à nous et aux pouvoirs, prendre notre part du mal que nous avons organisé, ou bien quitter le monde, s’enfermer dans un cloître, se priver de sommeil et de nourriture, ou bien pourrir sur un pilier, se pros-