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ment sur la conscience raisonnée de ce qu’il est préférable de faire dans une situation donnée. Il démontre qu’on ne peut pas éveiller cette foi chez les autres par des promesses de récompense ou des menaces de châtiment, qu’une telle foi ne serait qu’une confiance très faible qui s’évanouirait à la première épreuve, mais que la foi qui déplace les montagnes, celle que rien ne saurait ébranler, se fonde sur la conscience de notre perte inévitable et de l’unique salut possible dans cette situation.

Pour avoir la foi, il ne faut compter sur aucune récompense. Il faut comprendre que l’unique moyen d’échapper à l’inévitable perte de la vie c’est la vie conforme à la volonté du maître. Celui qui aura compris cela ne cherchera plus à se raffermir dans sa foi mais travaillera à son salut sans avoir besoin d’aucune exhortation.

Lorsque les disciples demandent à Christ de raffermir en eux la foi, Christ dit : Quand le maître revient des champs avec l’ouvrier, il ne lui dit pas de dîner aussitôt, mais il lui ordonne de soigner le bétail, et de le servir, lui, le maître. Alors seulement, l’ouvrier se met à table et dîne. L’ouvrier fait tout cela et le trouve tout naturel ; il ne se vante pas de ses travaux et ne demande ni reconnaissance, ni récompense, car il sait que les choses doivent se passer ainsi, qu’il ne fait que ce qu’il doit, que c’est la condition inévitable de son service et, en même temps, le vrai bien de sa vie. Ainsi