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droits et n’en peut avoir, il n’a que des obligations pour le bien qu’il a reçu, c’est pourquoi il ne peut compter avec personne. Et si même il donnait toute sa vie, il ne rendrait pas tout ce qu’il a reçu, c’est pourquoi le Seigneur ne peut être injuste pour lui. Mais si l’homme excipe de ses droits sur la vie, s’il veut régler ses comptes avec le principe de tout, source de sa vie, il prouve seulement qu’il ne comprend pas le sens de la vie.

Les hommes, après avoir reçu le bonheur, exigent encore autre chose. Des gens se tenaient au marché oisifs, malheureux — ils ne vivaient pas. Un seigneur les engage et leur donne le bonheur suprême de la vie : le travail. Ils acceptent le bienfait du seigneur mais sont mécontents. Ils sont mécontents parce qu’ils n’ont pas la conscience exacte de leur situation, parce qu’ils sont allés au travail avec leur doctrine fausse du droit au travail et à la vie, par conséquent avec l’idée qu’une rémunération leur est due pour leur travail. Ils ne comprennent pas que ce travail est précisément le bien suprême qu’on leur a octroyé, pour lequel ils doivent être reconnaissants et non pas exiger de paiement. Voilà pourquoi les hommes qui ont des idées erronées sur la vie, comme ces ouvriers, ne peuvent pas avoir vraiment la foi.

La parabole du maître et de l’ouvrier qui revient des champs, réponse aux disciples qui demandent à être raffermis dans leur foi, précise encore plus