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Baptiste est « ressuscité », il est dit : « réveillé d’entre les morts. » Ailleurs, chez Luc, xvi, 31, dans la parabole de Lazare, pour exprimer cette idée que quand même quelqu’un ressusciterait on ne croirait pas qu’il est ressuscité, il est dit : « Si quelqu’un d’entre les morts se levait. » Mais dans les passages où les mots : d’entre les morts ne sont pas ajoutés aux mots : « s’est levé », ou « s’est réveillé », ceux-ci ne peuvent jamais signifier « ressusciter ». Quand Christ parle de lui-même il n’emploie pas une seule fois « d’entre les morts », dans tous les passages que l’on cite pour établir qu’il a prédit sa « résurrection. »

Notre conception de la résurrection était à tel point étrangère à l’idée des Hébreux sur la vie qu’on ne peut pas même se figurer comment Christ aurait pu leur parler de résurrection et d’une vie éternelle, individuelle, réservée à chaque homme. L’idée de la vie future individuelle ne nous vient ni de la doctrine hébraïque ni de celle de Christ. Elle s’est introduite dans la doctrine de l’Église d’un tout autre côté. Si étrange que cela paraisse, on ne peut s’empêcher de dire que la croyance en une vie future individuelle est une conception très basse et très grossière fondée sur la confusion du sommeil et de la mort, idée commune et propre à tous les peuples sauvages. La doctrine hébraïque, et, à plus forte raison, la doctrine chrétienne, était très supérieure à cette conception. Mais nous