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jamais serment à personne pour quoi que ce soit. Tout serment n’a d’autre but que le mal. Après le troisième commandement vient la quatrième référence à la loi ancienne et la formule du quatrième commandement. Matth., v, 38-42 ; Luc, vi, 29, 30 : Vous avez entendu qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. Mais moi je vous dis de ne pas résister à celui qui vous fait du mal ; mais si quelqu’un te frappe à la joue droite présente-lui aussi l’autre ; et si quelqu’un veut plaider contre toi et t’ôter ta robe, laisse-lui l’habit ; et si quelqu’un te veut contraindre d’aller une lieue avec lui, vas-en deux. Donne à celui qui te demande, et ne te détourne point de celui qui veut emprunter de toi.

J’ai déjà parlé du sens direct et précis de ces mots ; j’ai déjà dit qu’il n’y a aucune raison de les expliquer allégoriquement. Les commentaires de ces paroles, depuis Jean Chrysostome jusqu’à nos jours, sont vraiment surprenants. Ces mots plaisent à tout le monde et suggèrent à chacun maintes réflexions profondes, excepté une : que ces mots expriment exactement le sens qu’ils ont. Les commentateurs ecclésiastiques, nullement gênés par l’autorité de celui qu’ils reconnaissent Dieu, dénaturent hardiment le sens de ses paroles. Ils disent : « Il va de soi que les divers commandements de supporter les offenses, de renoncer à la vengeance, qui visent le caractère vindicatif des Juifs, non seulement n’excluent pas les mesures sociales