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ordonne d’aller se réconcilier avec lui et après seulement d’offrir son sacrifice ou de faire sa prière. Voilà ce qui me semblait, mais d’après les commentaires, il résultait que ce passage devait être interprété conditionnellement.

Tous les commentaires expliquent qu’il faut tâcher d’être en paix avec tout le monde, mais que si cela est impossible, vu la corruption des hommes qui sont en hostilité contre toi, il faut te réconcilier en ton âme — en pensée ; et alors l’hostilité des autres contre toi ne sera pas un obstacle à ta prière. En outre, les mots : Celui qui dira raca ou insensé est punissable, me paraissaient toujours étranges et absurdes. S’il est défendu d’injurier pourquoi choisit-on comme exemple ces mots, à peine injurieux ? Pourquoi de si terribles menaces envers ceux qui prononceraient une injure aussi anodine que raca, qui veut dire un rien du tout ? Tout cela était obscur.

Mon sentiment était qu’il se produisait ici la même erreur qu’avec les mots : ne jugez point. Je sentais qu’en l’un et l’autre cas le sens simple et grand, précis et pratique avait été masqué. Je sentais que Christ ne pouvait pas comprendre les paroles : « Va et réconcilie toi avec lui », comme elles sont interprétées. Que veut dire d’ailleurs : réconcilie-toi en pensée ? Je pensais que Christ dit ce qu’il veut dire en se servant des paroles du prophète : Je veux la miséricorde, non pas les sacri-