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du corps et du sang du Fils de l’homme, paroles qui ont provoqué tant d’explications idolâtres, il ne faut pas oublier pour un moment le sens de tout ce passage, il faut se souvenir que l’idée maîtresse de la doctrine du Christ, pendant la tentation dans le désert, se présenta à lui, sous la comparaison entre la nourriture terrestre et la nourriture divine, et que ἄρτος, à proprement dire, ne signifie pas la nourriture mais l’action de manger, et que ce mot est pris à la fois dans l’une et l’autre acception. Tenté par le besoin de nourriture il se répondit que l’homme ne sera pas rassasié par le pain, mais par l’esprit de Dieu. Dans l’entretien avec la Samaritaine, de nouveau, il exprime de la même manière le sens de sa doctrine (Jean, iv, 14) : « Si tu connaissais le don de Dieu, tu me demanderais toi-même à boire de l’eau, non celle qui jaillit de la terre, après laquelle on veut boire encore, mais une eau telle qui satisfait complètement et après laquelle on n’a plus soif ». Dans le sermon sur la montagne, empruntant encore l’image de la nourriture, Christ exprime la même chose quand il dit que l’âme est plus importante que la nourriture. À ses disciples il dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir ses œuvres ».

Ici c’est encore la même chose. Jésus dit : Ne vous souciez point de la nourriture qui périt, c’est-à-dire : Ne pensez pas que le pain que vous mettrez dans votre estomac vous donnera la vie, mais