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maintenir précisément par cette raison. Il ne s’agit pas seulement de compassion et de miséricorde, mais de la manifestation d’une puissance supérieure.

Selon moi, la particularité de ce miracle, comparé à d’autres, c’est que dans les autres miracles, parmi les choses naturelles, le miraculeux paraît comme preuve de la divinité de Jésus. Ici, au contraire, parmi le miraculeux, c’est le naturel qui paraît comme preuve de la divinité de Jésus. Le malade attend depuis vingt ans le miracle, et Jésus lui dit : N’attends rien. Ce qu’il y a en toi vivra. Éveille-toi. Si tu as la force de te lever et de marcher, marche. L’homme essaye, se lève, et marche. Tout ceci pris pour un miracle indique seulement que les miracles ne peuvent pas exister, et que malade est celui qui attend le miracle. Le miracle le plus grand, c’est notre vie. L’événement lui-même est le plus simple, il se répète continuellement parmi nous. Je connais une dame qui pendant vingt ans resta couchée ; elle ne se levait que quand le docteur lui faisait des injections de morphine. Au bout de vingt ans le docteur avoua qu’il lui avait toujours fait des injections d’eau. Ayant appris cela, la dame quitta son lit et marcha.

Le récit sur la piscine est du même ordre. Il signifie que les hommes attendent des miracles, l’intervention de Dieu, tandis que Dieu est en eux. Dieu est la vie. Donne-toi à la vie ; crois en elle, et tu seras vivant. Tous les récits suivants, sauf la