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hommes, leur dit sans cesse ce qu’ils doivent faire pour lui et, sans cesse les appelle.

Les ouvriers chassent l’envoyé du maître et continuent à vivre, s’imaginant que le jardin est leur propriété et qu’ils s’y trouvent par leur propre gré. Les hommes ont chassé d’eux le rappel de la volonté de Dieu et continuent à vivre chacun pour soi, s’imaginant qu’ils vivent pour les joies de la vie physique.

Alors le maître envoie encore et encore ses serviteurs, puis son fils, pour rappeler les ouvriers au devoir. Mais ceux-ci sont devenus tout à fait stupides, et se mettent en tête que s’ils tuent le fils du maître, qui vient leur rappeler que le jardin n’est pas à eux, on les laissera alors tout à fait tranquilles. Ils le tuent. Les hommes n’aiment pas le souvenir de l’esprit qui vit en eux et qui leur montre qu’il est éternel tandis qu’eux ne le sont pas ; et ils tuent, autant qu’ils le peuvent, la conscience de l’esprit. Ils ont enveloppé dans leur mouchoir et ont enfoui la drachme qui leur avait été donnée. Que doit donc faire le maître ? Rien, sinon chasser ces ouvriers et en envoyer d’autres. Que doit faire Dieu ? Semer jusqu’à ce qu’il y ait des fruits. C’est ce qu’il fait. Les hommes ne comprennent pas que cette conscience spirituelle qui est en eux, et qu’ils cachent parce qu’elle les gêne, est cet entendement, qui est le fondement de la vie. Ils rejettent la pierre sur laquelle tout se tient. Or ceux qui ne