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que tu ne mourras pas ? Es-tu donc plus grand qu’Abraham ?

Les Juifs s’attachent toujours à la question de savoir si ce Jésus de Galilée est un prophète important ou sans importance, et ils oublient toujours ce qu’il leur a dit de lui-même, en tant qu’homme ; ils oublient qu’il parle de l’esprit de Dieu qui est en lui.

Et Jésus dit : Je ne dis rien de moi-même. Si je parlais de moi-même, de ce qu’il me paraît à moi, alors tout ce que je dirais ne signifierait rien. Mais il existe ce commencement de tout, que vous appelez Dieu, et c’est précisément de lui que je parle. Vous autres vous ne connaissez pas le vrai Dieu, mais moi je le connais et je ne puis pas dire que je ne le connais pas. Je serais un menteur si je disais que je ne le connais pas. Je le connais et je connais sa volonté et l’accomplis. Abraham votre père n’est saint que parce qu’il a vu mon entendement et s’en est réjoui.

Les Juifs lui disent : Tu n’as pas encore cinquante ans, comment pouvais-tu vivre au temps d’Abraham ? Il leur répond : Avant qu’Abraham existât, moi j’existais, ce « moi » dont je vous parle, et qui est l’entendement.

Les Juifs prirent alors des pierres pour le lapider, mais il put leur échapper.

Et de nouveau Jésus enseigne le peuple, et dit : Je suis la lumière du monde. Celui qui me suivra