Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol22.djvu/330

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme il a été dit plus haut, n’est même pas un point de vue, mais un faux-fuyant pour détourner les yeux de la question. Je n’ai nul besoin de savoir ce que pensait l’auteur en l’écrivant, mais j’ai besoin de savoir ce que j’en dois penser ; or, Reuss ne me le dit pas. Si l’auteur a réellement cru que Jésus a ressuscité Lazare et que par ce fait il a prouvé son origine divine, force m’est de reconnaître que l’auteur ne comprend rien à la doctrine du Christ. Et cependant du livre lui-même je puise le vrai savoir sur la doctrine du Christ et même dans ce passage les paroles du verset 25 qui contredisent nettement le récit de la résurrection matérielle de mort. Jean, xi, 25 : « Celui qui croit en moi vivra quand même il serait mort. » C’est ce qui est dit dans toute la doctrine : que la vie n’est pas dans le temps et dépend de la volonté de l’homme.

Mais d’après le récit il résulte que la résurrection de Lazare s’est accomplie par la volonté de Jésus. S’il n’était pas venu, on ne lui eût pas fait savoir, de même qu’on ne lui avait pas fait savoir la mort de millions de gens qui avaient foi en lui ; et il n’eût pas ressuscité Lazare.

Voilà cette contradiction intérieure qu’il faudrait résoudre, alors que le ton pseudo-scientifique pour expliquer ce que pensait un écrivain symboliste quelconque ne peut intéresser personne.

Celui qui a compris la doctrine de Jésus et qui