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n’y avait pas lieu de persécuter. S’il s’agissait d’enseigner que Dieu a envoyé son fils sur la terre pour racheter le genre humain, il y avait encore moins de raison de s’emporter contre les hommes qui le croyaient et y trouvaient leur plaisir. S’agissait-il de la négation de la loi juive ? là encore il n’y avait pas lieu de persécuter, surtout les non-juifs. Or, c’étaient les non-juifs qui, alors comme après et maintenant, poursuivaient et punissaient. S’agissait-il de doctrine politique, de révolte contre les riches et les forts ? une telle révolte, alors comme après et maintenant, était vite réprimée par les riches et les forts.

C’était autre chose.

Si l’on saisit la doctrine entièrement, telle qu’elle est exprimée dans le Sermon sur la montagne et dans tout l’Évangile, si l’on comprend que Jésus interdit formellement non seulement le meurtre mais la résistance à la violence, le serment (cette chose qui paraît peu importante et conduit aux pires violences), les tribunaux (c’est-à-dire les châtiments), toute résistance à la violence et au vol, (par conséquent interdiction de la propriété, comme l’avaient compris ses premiers disciples), la division des peuples (le fameux amour de la patrie), seulement alors on comprendra les persécutions que subit Jésus, ainsi que ses premiers disciples et les suivants, et l’on comprendra également que Jésus prévoie les persécutions que