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vie. Mais ici, au beau milieu du jeu, ils ont attrapé la religion. Diverses religions influent diversement sur la vie des peuples, et ce jouet, ils l’ont mis aussi dans le panier. Mais ce jouet était un charbon ardent, il a tout brûlé et il n’est rien resté.

En effet, prenez n’importe quel phénomène de la vie humaine. Si je suis naïvement convaincu que je sais la meilleure façon d’envisager ce phénomène, je puis le décrire dans tous les cas, suivre son développement et sa décadence.

Mais que faire avec les religions, ou, comme on dit, avec la foi ? La foi n’est pas le rapport de l’homme avec l’État, avec le marché ou le suffrage universel ; c’est quelque chose qu’il sait indubitablement et sur quoi est basée toute sa vie, de quoi découle toute sa manière d’être envers tous les phénomènes de la vie : le pays, la famille, la propriété, les plaisirs, les arts, la science, en un mot envers tout.

C’est pourquoi l’on ne peut, d’aucune façon, saisir la foi et l’introduire dans le panier historique, et si on l’y introduit on n’en peut rien faire, car on ne peut juger de l’état gouvernemental que d’après la constitution estimée la meilleure ; de l’instruction et des lois, que d’après celles qui sont estimées les meilleures. Ainsi de la religion, on ne peut rien dire : on ne peut pas dire je connais la meilleure et personne ne connaît la pareille.

Mais tout d’un coup, l’historien dit qu’il n’y a