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être partielle ; c’est la vérité ou le mensonge. Pour admettre la vérité en partie il faut être abêti comme le sont les gens de la soi-disant science : Renan, Strauss, Reuss, et tous ceux qui étudient la religion au point de vue rhétorique.

Renan, par exemple, dans les Apôtres, dit (p. 381) :

La foi absolue est pour nous un fait complètement étranger. En dehors des sciences positives, d’une certitude en quelque sorte matérielle, toute opinion n’est à nos yeux qu’un à peu près, impliquant une part de vérité et une part d’erreur. La part d’erreur peut être aussi petite que l’on voudra ; elle ne se réduit jamais à zéro, quand il s’agit de choses morales, impliquant une question d’art, de langage, de forme littéraire, de personnes. Telle n’est pas la manière de voir des esprits étroits et obstinés, des Orientaux par exemple. L’œil de ces gens n’est pas comme le nôtre ; c’est l’œil d’émail des personnages de mosaïque, terne, fixe. Ils ne savent voir que… etc., etc.

Autrement dit, nous ne croyons à rien et jugeons tout ; c’est nous qui avons raison, et ceux qui croient, nous les critiquons.

Nous sommes si habitués à ce galimatias scientifique qu’il ne nous stupéfait pas ; et cependant, si on l’analyse, on reconnaît le délire d’un fou qui dit : Je suis roi et tous ceux qui ne reconnaissent pas mon royaume se trompent.

L’homme qui ne croit à rien ne sait rien : c’est un homme psychiquement malade, et le savant, dans son livre, l’exprime et le déclare nettement. Dans tous ses ouvrages il parle souvent avec com-