Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol22.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le monde, c’est le royaume. Mais le roi ne le dirige pas lui-même ; ainsi que le paysan, il sème le grain puis l’abandonne. Le grain, de lui-même, engendre la tige, les graines, ou une mauvaise herbe.

Le talent c’est l’entendement. Dieu-esprit met l’entendement en chaque homme, puis le laisse vivre suivant sa propre volonté. Dieu ne décide rien lui-même. Mais, ayant tout appris à l’homme, il le laisse décider. Tous n’ont pas reçu un nombre égal de talents ; on a donné à chacun selon ses forces ; et, pour Dieu, il n’existe ni grands ni petits, Dieu n’a besoin que du travail de l’entendement.

Les uns travaillent pour mériter l’argent du maître ; les autres ne travaillent pas pour le maître ; d’autres ne travaillent pas et même ne veulent pas reconnaître le maître. Les uns vivent avec l’entendement ; les autres ne vivent pas par lui ; d’autres ne le reconnaissent pas.

Le maître, à son retour, demande des comptes, c’est la mort temporaire, et le compte de la vie.

Les uns disent qu’ils ont travaillé avec l’argent du maître ; tous ceux-ci entrent dans la vie du maître ; et, qu’ils aient travaillé plus ou moins, tous également participent à la vie du maître. Celui qui accepte l’entendement, celui-ci a la vie.

Celui qui a l’entendement et se fie à celui qui l’a envoyé, possède la vie en dehors du temps ; il ne