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de la comparaison, et pourrait bien avoir été primitivement étrangère à ce contexte. Elle ne saurait se rapporter au devoir dont il vient d’être question, elle constate plutôt un fait. Appliqué aux disciples de Christ, ce fait, c’est qu’ils se trouveront placés en évidence, que tous les regards se porteront sur eux ; il en résultera également des devoirs particuliers qu’il est facile d’entrevoir, mais auxquels notre texte ne s’arrête pas ; ce serait une exégèse bien singulière et bien froide qui ferait dire au Seigneur : De même qu’une ville bâtie sur le haut d’une montagne ne peut pas être invisible, de même vous devez vous faire voir.

Il est naturel que n’ayant pas compris la signification des premières paroles : Heureux sont les pauvres… ou même leur ayant attribué volontairement une signification obscure, toute l’explication de la pensée faussement comprise doit paraître déplacée et embrouillée. Mais il suffit de s’en tenir aux paroles et à la pensée de Jésus pour que les paroles sur le sel et la lumière non seulement ne soient pas obscures, mais même soient nécessaires à la clarté de tout ce qui précède et de tout ce qui suit.

Les paroles : vous êtes heureux, vous, les pauvres et les vagabonds, parce que le royaume de Dieu vous appartient, ce ne sont pas des fleurs de rhétorique mais une effrayante vérité pour les hommes qui croient bonne la société qu’ils se sont arrangée, et une vérité joyeuse pour les malheureux.

Ces paroles, comprises dans toute leur importance, exigent une explication, et elle est fournie par tout ce qui suit.