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dire : Seigneur, n’as-tu pas semé de bonne semence dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ? toi qui as semé de mauvais grains dans ton champ ? Il y a beaucoup d’ivraie là-bas.
28. Et il leur dit : C’est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui répondirent : Veux-tu donc que nous allions la cueillir ? Le maître dit : Ce n’est pas moi, c’est un étranger qui a fait cela. Les ouvriers dirent : alors donne des ordres et nous arracherons l’ivraie.
29. Et il leur dit : Non, de peur qu’il n’arrive qu’en cueillant l’ivraie vous n’arrachiez le froment en même temps. Et le maître dit : Il ne faut pas l’arracher ; autrement vous commenceriez à arracher l’ivraie et gâteriez le blé.
30. Laissez-les croître tous les deux ensemble jusqu’à la moisson ; et au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Cueillez premièrement l’ivraie, et liez-la en faisceaux pour la brûler ; mais assemblez le froment dans mon grenier. Laissez le blé croître avec l’ivraie jusqu’à la moisson et pendant la moisson j’ordonnerai aux moissonneurs de séparer l’ivraie et de la brûler, et le blé je le ramasserai et le mettrai dans la grange 2).

Remarques.

1) ζιζάνιον, cette plante est semblable au froment, jusqu’au moment de la formation des grains.

2) Ce que dit le maître : qu’il brûlera ce qui n’est pas nécessaire, et que le nécessaire, le froment, il le rassemblera dans la grange, n’est que la répétition de Matthieu iii, 12 ; « Il a son van dans ses mains et nettoiera parfaitement son aire, et amassera son froment dans le grenier ; mais il brûlera la bale au feu qui ne s’éteint point. »

Ici, il est dit expressément qui détruira les