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Tout ce qu’il est possible de dire, c’est que la quantité, le caractère de la lumière, peuvent dépendre de la substance de la bougie, comme la forme d’expression du Nouveau Testament peut dépendre de ses rapports avec le judaïsme. Mais la lumière ne peut être expliquée du fait qu’elle provient de cette bougie plutôt que d’une autre. Cette erreur que commet l’Église, en reconnaissant que l’Ancien Testament est inspiré de Dieu comme le Nouveau, l’oblige de la façon la plus évidente à reconnaître en paroles ce qu’elle ne reconnaît pas en fait et l’entraîne à des contradictions dont elle ne sortirait jamais si elle jugeait le bon sens obligatoire pour elle. C’est pourquoi je laisse de côté l’Ancien Testament, histoire révélée, selon l’expression de l’Église, en vingt-sept livres. En réalité il ne saurait être question ici ni de vingt-sept livres, ni de cinq, ni de cent trente-huit, puisque la révélation divine ne peut s’exprimer en un certain nombre de pages et de caractères. Dire que la révélation de Dieu est exprimée sur cent quatre-vingts feuilles de papier, c’est comme si l’on disait de l’âme d’un homme qu’elle pèse quinze pouds, ou que la lumière de la lampe mesure sept hectolitres. La révélation s’exprime dans les âmes des hommes ; les hommes se la transmettent ; ils en ont écrit certaines choses.

Ce qui fut écrit formait, on le sait, plus de cent évangiles et messages, rejetés par l’Église. L’Église a